mardi 6 mars 2012

Les portes fortifiées à différentes époques

Pour se protéger des voisins belliqueux et d'éventuels envahisseurs, les anciens habitants de l'Imerina central ont très souvent creusé des fossés simples ou complexes autour de leurs villages. « Ces fortifications défensives étaient interrompues par un ou plusieurs passages qui donnaient accès au village. Dans bon nombre de cas, des portes de pierre en fermaient l'entrée » (Raymond Arnaud, Association malgache d'archéologie, 1970).
Sur le chemin d'Ambohi­masina, au nord d'Ivato, on retrouve trois types de portes. Les villages qui se nichent sur ces hauteurs, Antanambe appelé aussi Ambohimanoro à l'ouest, Ambohimasina au centre et Ambohitriniarivo à l'ouest, tous entourés de plusieurs lignes de fossés, remontent au moins au XVIIe siècle. Perchés à près de 200m au-dessus de la plaine, ils jouissent d'une position défensive très favorable. Le roi Andrianjaka, après avoir soumis Analamanga (Antana­narivo) vers 1620 fixe à Ambohitriniarivo, Andrian­tsimandafikarivo, un des fils du souve­rain antehiroka Andriam­pirokana.
Toutefois, « il est fort possible que les Antehi­roka qui seraient les descendants des plus anciens souverains Vazimba du pays, aient occupé cette région bien avant cette époque ».
Plusieurs types distinguent les entrées. Le premier type est la porte naturelle formée de deux blocs de granite hauts de 3 m au moins et distants de 80 cm à 1 m. Ce passage obligatoire est facilement fermé à l'aide d'une grosse pierre. L'entrée sud-est d'Am­bohitriniarivo et la porte ouest d'Ambohimasina correspondent à cette description.
Pour les compléter, ces portes naturelles sont surmontées de dalles de pierres plates qui servent de poste de guet. « Une telle porte existe toujours à Ambohitsandra, au nord de Fiakara ». Là, les quatre dalles supportent un tombeau vazimba, ce qui explique qu'elles se soient conservées en place.
L'accès sud-est du village d'Ambohima­sina qui regroupe encore quelques cases fin XXe siècle, s'effectue par une porte de type plus élaboré. L'entrée est délimitée par des pierres entassées en deux piliers, l'un large de 80 cm, l'autre de 1,60 m. Ils sont distants d'un mètre et se prolongent en profondeur le long du passage sur plus de 4 m.
Une grande dalle large de 1 m repose sur les deux murs, couvrant le couloir en son milieu. La hauteur de l'ouverture sous la pierre plate (1,90 m) permet le passage d'un adulte debout. « Une autre porte de style analogue mais endommagée se repère en-deçà de la porte naturelle ouest du même village ». Ces deux portes sont construites au niveau des fossés intérieurs d'Ambohimasina.
Le troisième type de porte, exemplaire unique sur le chaînon d'Ambohimasina est la porte à disque du petit site à un fossé d'Ambohimanoro. Le disque de pierre d'un diamètre de 2,2 m est roulé entre deux pierres levées de 2 m de haut du côté extérieur et trois plus petites (1,2 m) du côté intérieur du village. L'ouverture de la porte entre les deux grandes pierres levées est de 85 cm.
« Phénomène étrange, cette fermeture à disque ne se trouve pas au niveau du fossé, mais en retrait de 2 m par rapport à une autre porte qui, elle, borde le fossé. » Cette deuxième porte constituée par un entassement de petites pierres, rappelle celles d'Ambohimasina.
L'architecture de ces trois entrées n'est donc pas uniforme. Les nécessités de la défense, le retour à la sécurité, l'importance du peuplement, l'évolution des techniques expliquent ces différences.
En outre, définir l'âge de ces vestiges n'est pas aisé. Depuis le temps des Vazimba jusqu'à la colonisation française, le système défensif a dû s'adapter aux circonstances du moment. Sous Andrianampoinimerina, Ambohimasina et Ambohitriniarivo, chefs-lieux des Antehiroka, sont de gros villages difficiles à escalader et bien fortifiés. Le souverain merina a du mal à s'en emparer.
« Rien ne prouve que les trois types de portes étaient alors en place. On peut seulement supposer que les habitants des villages à fortifier utilisaient des portes naturelles quand les blocs de granite étaient bien disposés. Sinon, ils entassaient des pierres en forme de piliers ».
Dans les deux cas, ils recouvrent le passage d'une ou de plusieurs dalles de pierre. La fermeture à disque qui témoigne d'une certaine maîtrise du travail de la pierre, « mise au point sans doute assez tard », est le type de construction le plus récent.

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