samedi 3 septembre 2011

Les styles traditionnels

Les modes de constructions des tombeaux ont évolués à travers les siècles derniers. Les plus anciennes constructions qui subsistent sont d’un caractère fruste : simples amas de pierres , avec quelques fois des dalles dressées, aucun éléments taillés mais les matériaux choisis pour leur forme et leurs dimensions. Par la suite, on commenca à tailler les pierres et les constructions devinrent plus élaborées. Puis vient Jean laborde qui donna un nouveau souffle dans ce type d’architecture : pierres équarries, arcades, balustres, décorations. On peut donc parler pour l'architecture des tombeaux du style traditionnel et du style labordien.

Les styles traditionnels : La partie extérieure
Les vieux tombeaux que l’on rencontre autour d’Antananarivo peuvent être ramenés à trois types :
- Les rochers aménagés
- Le type à gradins
- Les sépultures indéterminées souvent attribuées au Vazimba
Les tombeaux royaux qui ont des caractères particuliers seront détaillés par ailleurs.

Les rochers aménagés
Parfois le corps était placé à même le rocher, parfois on utilisait une cavité naturelle entre deux rochers. Le corps était le plus souvent placé à plat puis protégé par une dalle. Ensuite, le tout était surmonté d’un amas de pierres.
TYPE A :
Caractérisé par l’emploi d’un boule de granit comme soubassement pouvant atteindre plusieurs mètres de hauts comme pour le tombeau d’Andriamangarira à l’entrée du village d’Antsahadinta,


comme Ambatondrabiby à Morafeno, village à quelques kilomètres au nord d’Antsahadita. Ce bloc mesure 7 à 8 mètres de hauts sur une dizaine mètres de long et de 4 à 5 mètres de large.



TYPE B
Une sépulture de ce genre se trouve à Kaloy au sommet de la colline Kaloy Kely. Une fissure entre deux rochers a été utilisée comme caveau. Une première dalle soutient le corps et une seconde dalle forme le couvercle. Le tout surmonté d’un tumulus de terre de forme parallélépipédique soutenu par un entourage de pierres plates, toutes de même épaisseur et soigneusement entassé.


TYPE C
Après déblaiement sous un tumulus recouvert de terre sur la colline d’Ankatso, une structure est apparue. Entre deux grosses boules de granit de près de 3 mètres de long sur 1,50 mètres de larges, un espace de 1 mètre a été utilisé pour déposer le corps. Mais ici, les dalles de couvertures reposaient sur des pierres dressées.


Il est impossible de dresser chronologiquement ces tombeaux différents intitulés « rochers aménagés ». Mais il semblerait que le Type B et le Type C soit postérieur au Type A.




Les tombeaux à gradins
Ce sont les plus courant et ils sont d’une grande variété. Les matériaux employés sont de trois sortes :
- Les pierres : presque jamais taillées mais choisies et non entassées au hasard, assez plates et de petites dimensions.
- Les dalles verticales de 0,30 à 2 mètres da haut, taillées à leur extrémité soit en forme convexe, soit en formant une échancrure en forme de V. Ces pierres peuvent être disposées de deux manières voir détail ci-dessous :


L’utilisation des dalles verticales peut être couplée avec l’utilisation de pierres.


- Les gros moellons faits de boue séchée de 40x30x20 cm environ.

Ces trois éléments combinés avec les formes à un, deux ou trois étages permettent d’obtenir toute une série de types.

TYPE D : Tombeaux à un seul étage
TYPE D1 : Un seul étage de pierres. Assez rare.
TYPE D2 : Un seul étage de gros moellons. Assez courant mais souvent en mauvais état.
TYPE D3 : Un seul étage avec dalles debout.

TYPE E : Tombeaux à deux étages,. Ce type apparaît comme plus évolué que le Type D.
TYPE E1 : Deux étages formés de gros moellons.
TYPE E2 : Deux étages avec pierres levées pour un seul gradin ou pour les deux gradins.

TYPE F : Tombeaux à trois étages

Ci-dessous, quelques tombeaux dit à étages ou à gradins.


Les tombeaux dits « vazimba »
Ces tombeaux différent peu des précédentes mais elles sont le plus souvent encore des lieux de culte et sont aussi spuvent situés en fond de vallées alors que les autres sont sur des hauteurs. La tradition orale rapporte que les chefs vazimba étaient mis dans de grandes pirogues avant d’être enterrés et que leurs entrailles étaient séparées du corps. Le terme tombeau vazimba s’applique aussi pour des personnes dont on a perdu les souvenirs.
TYPE V1 : Ce type de tombeau se présente comme une butte de terre de 1 à 1,50m de haut envahi par la végétation. Aucune information sur la structure existante sous la butte.
TYPE V2 : Ce type se présente comme un petit tumulus avec une pierre apparente qui sert aux offrandes.
Comme la tombeau vazimba d’Andranonandriana située à coté du bain de la reine à l’Angavokely, plan et coupe ci-dessous.
D’autres types de tombeau vazimba, celui d’Andriambodilova à Anosisoa, le tombeau de Rafohy et de Rangita à Imerimanjaka. Et même aussi, le lieu sacré d’Andranoro qui ne referme pas à proprement parler de tombeau.

Les styles traditionnels : La partie intérieure
Il est plus difficile d’appréhender la partie intérieure des tombeaux.

On peut donc penser que dans les plus anciens tombeaux, en particulier les princiers, la chambre funéraire avait ses parois garnies de planches de bois imputrescible ou de petites pierres.
Un exemple d’agencement de tombeau est donné par le tombeau à Tsimbazaza, dit d’un compagnon d’Andrianampoinimerina. Ce tombeau était à Isoraka et il a été déplacé en 1950 pour percer une rue.

Il était formé d’énormes dalles de granit. A l’intérieur, une dalle repose sur des blocs enfoncés et sert de lit. Au cours de nos randonnées, nous avons aussi observé cette manière de faire sur un tombeau à plusieurs places à proximité d’Ambohidrabiby.
A proximité d’Ambohimahatsinjo, dans le village d’Andranovao, il a été trouvé une sorte de sarcophage de pierre de 1,95m x 0,60 x 0,60 fermé par 4 dalles recouvertes d’une cinquième. L’usage des dalles plates a du remplacer peu à peu l’usage du bois.

Les styles traditionnels : De l’individuel au collectif

Les tombeaux sont réalisés en granite, une pierre provenant du socle cristallin qui affleure en surface en maints endroits dans les environs d’Antananarivo. Ces tombeaux pourront être dans l’enceinte de villages fortifiés ou à l’extérieur en fonction de l’ordre hiérarchique des défunts.
« Les esprits quittent les corps rigides, raidis par l’aile noire de la mort pour voyager à travers l’espace et défendre les frêles humains toujours prêts à quémander aide et protection ».
Ces tombeaux pourront être des sépultures individuelles ou à 2 ou 3 corps donc de faible dimension et correspondent dans ce cas à des personnes habitants le même toit. Les premières tombes connues en Imerina sont individuelles selon Decary (1962). Ces tombeaux individuels mis en œuvre par les premiers habitants des hauts plateaux étaient composés d’un sarcophage en pierres recouvert de terre avec une ossature extérieure faite de petites dalles. Si la sépulture individuelle appartient aux Vazimba, la sépulture collective est plutôt l’œuvre des Merina.
Comme les "fasam-bazimba", les tombes des Vazimba qui, en réalité, sont des tombes laissées à l'abandon, que personne n'entretenait, telles celle de Ravololondrenitrimo, sœur présumée d'Andriamasinavalona, morte sans postérité ; ou celle du fils de ce même souverain, Andriantomponimerina qui retint prisonnier son père à Ambohidratrimo mais qui, mourant de son vivant, fut condamné par le vieux roi à n'avoir qu'un "fasam-bazimba", c'est-à-dire une tombe qu'il était interdit d'entretenir.
Puis vers le début du XVII è siècle, la notion de collectif est resté attaché aux clans et on pouvait donc dans le même tombeau accueillir les membres d’un même clan. Au XVIII è siécle les Merina reposaient par fianakaviana dans les mêmes tombeaux. La famille était étendue à plusieurs générations ce qui entraînait des dimensions plus grandes pouvant atteindre plusieurs mètres.
Ces grands tombeaux claniques pouvant être à degrés (jusqu’à quatre), c'est-à-dire en gradins toujours avec le même appareillage extérieur et quelques fois des pierres levées.


Tombeaux à degrés avec pierre dressés

Andrianampoinimerina a développé cette pratique du tombeau collectif pour assurer une cohésion plus importante entre les individus. Dans l’Histoire des Rois « Les gens d’autrefois ne faisaient que des petits tombeaux…….. »

A noter une de ces phrases célèbres :
" ... Raha lany ny harena, raha enti-manao fasana, tsy mba lany tsy akory ... hilevenanareo mandrakizay, fa mandalo no aty ambony ... ". " ... Si vous avez épuisé toute votre richesse en construisant votre tombe, rien n'est perdu ... car c'est le garanti de votre demeure éternelle ; en effet, la vie sur terre n'est qu'un passage ... ".

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